Le fonds Lucile Bally

Lucile Bally est une artiste strasbourgeoise décédée en 2014. Ses amis ont découvert dans son atelier un impressionnant ensemble d’œuvres. Face à ce choc esthétique, ils se sont regroupés au sein de l’association AEDEC pour diffuser ce travail singulier et unique.

Personnage énigmatique, Lucile Bally impressionnait. Le regard féroce, jamais souriante, elle marchait le visage fermé. Préoccupée par sa santé mentale, elle angoissait d’être dévorée par ses démons. Sa formation en arts plastiques lui permit de trouver un refuge intime ; la création devint son unique foyer.

Lucile Bally peignait inlassablement sur des supports de récupération, aussi fragiles que sa perception. Usant de sa maitrise technique, elle passait de la délicate tempera au poinçon brutal. Elle donna naissance à des séries de tableaux, des associations d’objets, d’aquarelles, de sculptures miniatures. A sa disparition, son appartement ressemblait à une intense déflagration artistique.

Son œuvre nous entraîne dans des thématiques inhabituelles: l’enfance perdue, un mystérieux St Georges luttant contre un dragon, les gueules cassées, la fragmentation des douleurs, le doute dû au manque, la brisure des significations, la plausible véracité de l’identité, la confrontation aux couches mémorielles…

Mettre en valeur l’art singulier de Lucile Bally, c’est proposer comme exemple nutritif une démarche esthétique radicale. Son mode de contestation des oppressions et des abus passe par le développement d’un langage incisif et de représentations personnelles. Ce faisant, elle interpelle chacun d’entre nous.

Claude Klein & Mr Blick